Miscellaneous notes
on various topics.
Technology, Patterns of Use, Interfaces & Mediums, Aesthetics & Forms,
Concepts & Ideas, Abstract Structures, Subtle Influences,
Artful Function, Oddities, Hidden Connections
The imprecision is the point
Thème :
Qu'est ce que l'on veut dire par intelligence artificielle, et quels sont ses intérêts et ses limites pour les professionnels du droit ?
Principes importants :
• Productivité et technologie / paradoxe de Solow
• Diversité des techniques d'intelligence artificielle
• Limites techniques ou commerciales de l'intelligence artificielle moderne
1- Une Technologie Versatile d'Usage Général
"Intelligence artificielle" est un nom que l'on donne à une panoplie de techniques destinées à simuler l'intelligence humaine, qu'il s'agisse de reconnaissance visuelle ou de traitement du langage naturel, par exemple.Le but de ce guide est de vous aider, en tant que juriste, à développer une compréhension solide, un vocabulaire adéquat et des intuitions fines concernant le rôle que les technologies d'intelligence artificielle pourraient jouer dans votre travail, en prenant en compte les contraintes et les particularités des métiers du droits.Il existe un vaste champ d'études consacrées à l'analyse de l'impact et de la diffusion des nouvelles technologies dans la société. C'est sur cette base que nous allons nous appuyer pour explorer comment l'intelligence artificielle peut être intégrée de manière productive, fiable et éthique dans les pratiques juridiques.L'intelligence artificielle est une technologie de rupture, mais ce n'est pas la première. On dit d'elle qu'elle est une technologie d'usage général, ou GPT, pour General Purpose Technology (à ne pas confondre avec le GPT de ChatGPT, qui veut lui dire Generative Pre-trained Transformer).Cela signifie que son impact ne se limite pas à quelques secteurs, mais potentiellement toute l'économie, tout comme l'électricité ou internet par exemple.Mais la création de nouvelles technologies, aussi extraordinaires qu'elles soient, ne garantit pas un impact sur la productivité d'une économie ou d'une entreprise.Dans les années 1980, l'économiste Robert Solow constatait que malgré l'utilisation des ordinateurs dans les entreprises, la productivité globale de l'économie ne semblait pas augmenter au rythme attendu. Cette observation est désormais connu sous le nom de Paradoxe de Solow.Plus qu'une simple stagnation, une des observations de ce phénomène est qu'à court terme, l'introduction d'une nouvelle technologie d'usage générale réduit légèrement la productivité d'une économie, avant de l'accroître. Il faut en effet des investissements en temps, en formation et en équipement pour pouvoir tirer profit d'innovations générales.La découverte et la maîtrise des propriétés de l'électricité, par exemple, n'a pas entraîné un gain de productivité immédiat de l'économie du début du XXe siècle. L'électrification des usines s'est déroulé durant des décennies et a nécessité non seulement l'installation de lignes électriques et de nouvelles infrastructures importantes, la création de nouveaux appareils pouvant exploiter cette nouvelle énergie, mais aussi une réorganisation complète des processus de production ainsi que l'invention ou la transformations de nombreuses professions.En effet, les changements de paradigmes technologiques ne modifient pas seulement ce que l'on peut produire, mais surtout comment nous le produisons.La révolution industrielle, par exemple, n'a pas seulement ouvert de nouvelles possibilités techniques, elle a avant tout diffusé les procédés industriels, qui ont formaté toute l'économie, y compris le domaine du droit.Quand on pense au rôle de l'intelligence artificielle dans le droit, il ne faut donc pas s'imaginer une solution magique augmentant en un claquement de doigt la productivité et la qualité de l'exercise du droit, mais plutôt un changement graduel de la nature même de certaines activités juridiques, entraîné par de nouvelles possibilités, mais surtout de nouvelles façons de penser.
2- Une Diversité des Approches
Le traitement médiatique de l'intelligence artificielle l'aborde souvent de manière monolithique et sensationnaliste, mais il est important de garder à l'esprit que ce concept couvre un panel assez large de domaines, philosophies et d'applications différentes. Il n'y a pas qu'une manière d'exploiter "l'intelligence artificielle".La popularité de ChatGPT, notamment, peut laisser penser que l'intelligence artificielle est forcément un agent (c'est à dire un programme autonome et personnifié) avec lequel on interagit en discutant. Ce n'est pas le cas, il existe, par exemple, de nombreuses solutions d'intelligence artificielle ne nécessitant pas d'interaction: elles se contentent de gérer et de manipuler des données pour augmenter la productivité des travailleurs.[en matière de droit]Il faut donc considérer avec prudence les jugements hâtifs portant sur la viabilité ou non de l'utilisation de l'"intelligence artificielle" pour une discipline, ou sur les limitations et les biais de l"'intelligence artificielle" pour un cas donné.A cette confusion s'ajoute souvent des débats d'ordre philosophique, économique ou politique concernant la place et la puissance des outils d'intelligence artificielle dans le futur.Bien qu'intéressantes et essentielles, il est important de séparer ces questions spéculatives de celles plus immédiates de l'utilisation et de l'exploitation de l'intelligence artificielle actuelle.Cependant, vous serez sans nul doute emmené à entendre parler de certains concepts comme celui d'AGI (Artificial General Intelligence : Intelligence artificielle générale). C'est ainsi que les penseurs de l'intelligence artificielle nomment l'idée d'un agent artificiel intelligent dont les capacités cognitives lui permettrait de réaliser n'importe quelle tâche réalisable par un être humain. Un tel outil constituerai une singularité technologique et pourrait d'une part bouleverser les structures économiques et politiques du monde entier, et représenterait également un défi sécuritaire majeur, même sans "volonté", à proprement parler.À nouveau, bien que ces informations soient importantes pour décrypter les débats autour de l'IA, ce guide n'a pas vocation a vous "préparer" à un futur hypothétique, mais plutôt de vous familiariser avec les technologies déjà existantes et vous permettre de commencer dès à présent à les implémenter de manière fiable, sécurisée et responsable. Nous allons aborder le sujet de manière pragmatique et applicable du point de vue d'un professionnel du droit.Vous avez peut-être déjà une opinion ou un sentiment sur le rôle de l'intelligence artificielle dans votre profession.De nombreuses études ont été réalisées pour suivre l'évolution de l'utilisation et des des professionnels.Entre la fascination qu'elle suscite dans l'opinion publique et les discussions plus techniques dans les séminaires spécialisés, le sujet est sur toutes les lèvres, souvent entourée d'une aura de mystère et de promesses. Il est crucial de démystifier ce sujet, de distinguer les projections futuristes des applications concrètes et d'appréhender l'IA comme un outil parmi d'autres, avec ses forces et ses limites.Selon une enquête de Reuters, la grande majorité des chefs de départements juridiques d'entreprise sont non seulement au courant de l'existence de technologies telles que ChatGPT, mais sont également prêts à envisager leur application dans leur travail. Cependant, cette ouverture d'esprit ne se traduit pas par un adoption immédiate et sans réserve. En effet, 82% des professionnels interrogés voient un potentiel d'application pour l'IA dans le domaine juridique, mais l'enthousiasme est tempéré par des préoccupations légitimes concernant la sécurité, la confidentialité et la précision des informations générées.Les outils d'IA tels que ChatGPT sont souvent présentés comme des technologies de pointe susceptibles de transformer des secteurs entiers de l'économie. Pourtant, leur adoption dans les milieux juridiques est mesurée, avec seulement 11% des départements juridiques d'entreprise qui les utilisent ou planifient de les utiliser dans leurs opérations légales. Cette prudence s'explique en partie par les risques évoqués : la fiabilité des résultats, la protection des données privées et la gestion de la confidentialité. Des voix s'élèvent pour souligner que le travail juridique requiert un raisonnement et un jugement humain, des nuances que la programmation algorithmique ne peut saisir entièrement.Pour autant, l'IA se présente comme un luxe qui pourrait devenir une nécessité. Dans un monde où les données sont reines, ignorer l'IA serait comparable à privilégier la machine à écrire au détriment de l'ordinateur. Cela dit, les avancées technologiques ne signifient pas que l'on doit accepter aveuglément chaque nouvelle innovation. Comme le souligne l'étude de Reuters, il existe une tension entre l'efficacité potentielle et les préoccupations éthiques, entre le gain de temps et la perte possible de la qualité du conseil juridique.Ce qui ressort de ces observations, c'est que le monde du droit se trouve à la croisée des chemins. L'intelligence artificielle offre des possibilités inédites pour le traitement et l'analyse de volumes massifs d'informations. Mais elle impose également un nouveau cadre de réflexion quant à l'utilisation des données, à l'importance de la supervision humaine et à la nécessité d'ajuster les modèles économiques des prestations juridiques.La perspective de l'IA dans le domaine juridique n'est donc pas une question de remplacement, mais d'assistance et d'amplification des compétences humaines. Elle requiert une compréhension aiguisée des outils disponibles, une évaluation constante de leur pertinence et une adaptation continue de nos pratiques. C'est dans cet esprit que nous devons aborder l'intégration de l'IA dans les métiers du droit : non pas comme un remède miracle, mais comme une évolution logique et réfléchie dans un monde de plus en plus numérisé.